Bordereaux Salariaux ouvriers d’Etat : déclaration liminaire CPO

, par udfo30

Déclaration liminaire Force Ouvrière à la CPO du 2 décembre 2010

Monsieur le Secrétaire général,
La déclaration liminaire Force Ouvrière à cette Commission Paritaire Ouvrière sera courte, aussi courte que l’ordre du jour et aussi court que le décret qui suspend les bordereaux de salaire des ouvriers de l’Etat.
L’ordre du jour est succinct, ce qui ne l’empêche nullement d’être celui qui comporte le plus de reculs sociaux depuis l’existence de la CPO.
Ce gouvernement aura réussi à réaliser ce qu’aucun autre avant lui n’avait fait : mettre un terme aux augmentations de salaire des ouvriers de l’Etat sous le fallacieux prétexte de l’égalité de traitement entre les fonctionnaires et les ouvriers. Ce prétexte n’est pas seulement fallacieux, il est inique, déplacé et significatif de l’indécence de ceux qui nous gouvernent. Vous êtes serviteurs de l’Etat, vous appliquez donc une politique. Mais en votre for intérieur, vous êtes vous posés la question de savoir ce qu’il y avait de scandaleux à accorder entre 1,8 et 3,3% d’augmentations de salaires selon les années aux ouvriers de l’Etat ?

A Force Ouvrière, nous sommes républicains et nous faisons nôtre la devise « liberté, égalité, fraternité ». Quant au sens de l’égalité qui consiste à niveler le peuple par le bas, nous ne le rangeons pas du côté des principes républicains. Geler les salaires des agents pour rembourser les dettes des banques qui refusent ensuite d’aider les états, comme en Grèce ou en Irlande, c’est tout sauf du principe républicain. C’est au mieux du copinage de la part de nos politiques, au pire de la servilité de leur part envers les marchés financiers. Vous comprendrez alors aisément, du moins nous l’espérons, notre amertume et notre colère face à ce genre de décision.
Bien sûr, cela ne suffisait pas, il fallait en plus que nos dirigeants y rajoutent une contre réforme des retraites injuste et inefficace. Injuste parce qu’elle fait peser les efforts sur les seuls salariés du pays, inefficace car elle ne change rien quant aux modes de financement et n’élargit pas l’assiette des cotisations à l’ensemble des revenus financiers qui se chiffrent par milliards d’Euros. Et, bien sûr, les dispositions contenues dans la loi portant réforme des retraites seront applicables aux ouvriers de l’Etat, toujours selon votre principe de l’égalité. _ C’est pour cela que les ouvriers de l’Etat travailleront jusqu’à 62 ans et verront leur cotisation pension passer de 7,85% à 10,55%. Le droit au départ dans le cadre des travaux insalubres passe de 55 à 57 ans, et par une logique toute « énarquiène » que nous ne saisissons pas, vous relevez le temps d’exposition de 15 à 17 ans, tout en précisant que le dispositif relatif à la pénibilité ne s’applique qu’au secteur privé.

Décidément, la notion de privilège a bien changé depuis 200 ans. Les privilégiés d’alors, qui ont poussé le peuple à se révolter, ont aujourd’hui des appartements somptueux, roulent en voiture de sport à plusieurs centaines de milliers d’Euros, passent leur vacances sur des yachts et gagnent plus d’argent en plaçant leur fortune et en spéculant qu’en donnant du travail à ceux qui n’ont que ça pour espérer vivre décemment. Ce qui a changé, c’est que ce ne sont plus des privilégiés, ce sont des gens qui ont réussi, que l’on doit admirer pour leur esprit d’entreprise et dont on mesure le courage et la consécration à la marque de la montre qu’ils arborent au poignet !

Les privilégiés d’aujourd’hui, ce sont ces affreux nantis de fonctionnaires, de cadres, d’ouvriers de l’Etat auxquels on octroie scandaleusement 2% d’augmentations de salaire quand d’autres n’ont rien et qui ont, comble des avantages, un emploi quand d’autres sont au chômage. Nous n’en dirons pas davantage aujourd’hui au cours d’une CPO qui est tristement la dernière de l’histoire. Tristement, car les accords de Bercy avec lesquels Force Ouvrière n’a aucun lien de paternité en ont décidé la fin et tristement car, comme nous l’avons démontré, non contente d’être la dernière, elle est aussi la pire. C’est aussi pour marquer cet évènement, et pour signifier la détermination des ouvriers de l’Etat, que Force Ouvrière a pris l’initiative de rassembler plusieurs centaines d’entre eux, soutenus par un grand nombre de fonctionnaires, sur l’esplanade des Invalides. Vous comprendrez que nous serons mieux avec eux que parmi vous.

Léon Jouhaux, premier secrétaire général de la cgt/Force Ouvrière et prix Nobel de la paix en 1951 disait : « la paix doit être fondée sur la justice sociale et l’amélioration de la condition de la classe ouvrière ». Ce qui se passe aujourd’hui en Europe en matière de politique sociale, c’est tout sauf cela.
Monsieur le Secrétaire Général, Mesdames, Messieurs, les ouvriers de l’Etat vous saluent bien !!!