La plus ancienne association démocratique de ce pays a décidé de présenter son histoire et ses combats. Née en 1848, en plein printemps des peuples, elle a compté parmi ses membres d’aussi illustres figures que Victor Hugo, Auguste Blanqui, Ferdinand Buisson, Jean Jaurès... Cent soixante et un an plus tard, la Libre Pensée fait preuve d’une belle vitalité, comme en témoigne la participation de deux cents délégués de quatre-vingts fédérations départementales à son congrès annuel fin août et l’édition par sa fédération nationale de cet ouvrage de 250 pages Qu’est-ce que la Libre Pensée ?.
« Être libre-penseur, c’est refuser la vérité révélée, c’est être conscient que la vérité progresse en fonction des connaissances [...] c’est refuser l’obscurantisme, le dogme et ce qui en découle, l’intolérance », écrit l’actuel président de la Libre Pensée, Marc Blondel, dans la préface. Toutes les religions sont visées, du catholicisme à l’Islam en passant par le judaïsme et le bouddhisme.
En réponse à ceux qui accusent les libres-penseurs d’intolérance à l’égard des religieux, on peut citer cette phrase bien sentie des auteurs : « On a vu beaucoup de li-bres-penseurs sur les bûchers, mais jamais un seul évêque. » Mais aussi, cette explication : « La laïcité n’est pas un principe philosophique, c’est un mode d’organisation des services publics et de l’État. L’athéisme est une philosophie positive, mais il serait un monstre juridique s’il devenait un principe constitutionnel. État athée ou État théocratique, ce sont les deux faces d’une même médaille, celle de l’oppression. » Mais de cette lecture, on retiendra aussi que la Libre Pensée ne se résume pas à son combat anticlérical et en défense de la laïcité institutionnelle. L’ouvrage nous rappelle qu’elle se bat aussi contre les guerres, pour le droit à l’avortement et à la contraception. Et si elle dénonce inlassablement la doctrine sociale de l’Église catholique, dont se nourrissent depuis toujours les institutions européennes, c’est parce qu’elle combat aussi l’oppression sociale et le dogme capitaliste.