En Hautes-Pyrénées (Bis)

, par udfo30

29/07/2010
Le Parisien
A Lourdes, FO défie la Vierge

Une section de Force ouvrière va être implantée dans le sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes, qui emploie plus de 300 personnes.

Force ouvrière s’attaque à... la Vierge Marie ! Le syndicat s’apprête à implanter une section en plein cœur du sanctuaire de Notre-Dame de Lourdes (Hautes-Pyrénées), un des principaux lieux de pèlerinage catholique dans le monde. Une première pour une organisation farouchement attachée à la laïcité et — c’est un euphémisme — pas franchement proche de l’Eglise. Oui, Mais voilà, miracles ou pas, les quelque 311 employés et 139 saisonniers qui travaillent, même le dimanche, sur le site où la Sainte Vierge est apparue à Bernadette Soubirous sont des salariés comme les autres. Leur patron a beau être l’évêque de Tarbes et de Lourdes, leurs revendications — de leur feuille de paie à leurs conditions de travail — sont loin d’être spirituelles.

Une trentaine de membres :
Ce qui a mis le feu aux poudres et les a incités à se tourner vers FO ? La suppression il y a quelques mois d’un accord prévoyant que chaque personne partant à la retraite percevrait, en plus de sa pension, une somme représentant 20 % de son salaire par année d’ancienneté. « Petit à petit nos acquis sont remis en cause », s’alarme Ignacio Pacheco, qui a eu l’idée de rejoindre la centrale de Jean-Claude Mailly. A l’heure actuelle, il revendique une trentaine de membres et espère devenir le deuxième syndicat du sanctuaire (à la place de la CFDT). En revanche, Ignacio ne songe même pas à supplanter l’incontournable CFTC (Confédération française des travailleurs chrétiens). « C’est comme qui dirait le syndicat maison », s’esclaffe un salarié. Reste que l’Eglise ne semble pas être le plus redoutable des employeurs. « Ils respectent le Code du travail à la lettre », explique Ignacio Pacheco. Cette année, les salariés, qui sont aux 34 heures par semaine, ont obtenu une hausse de salaire de 2 %, quelle que soit leur spécialité, puisque, du plombier à l’imprimeur, le site de Lourdes compte pas moins de 50 corps de métiers. Cette augmentation est cependant jugée « insuffisante » par FO. Contactée, la direction de Lourdes — assurée depuis les années 1980 par des laïques — ne souhaite pas commenter l’arrivée de ce nouvel interlocuteur. La paix sociale a en tout cas toujours régné sur le sanctuaire. Jamais de grève jusqu’à présent L’arrivée de FO changera-t-elle la donne ? Pas sûr. Même si elle pourrait donner des idées...

VALERIE HACOT