Fonction publique : 51% de participation aux élections (Le Figaro)

, par udfo30

L’Éducation nationale a plombé la participation globale. FO talonne la FSU chez les agents de l’État. Unsa et CFDT progressent.

Par Olivier Auguste, Marie-Estelle Pech Figaro.fr

À peine plus d’un agent sur deux a voté. La participation aux élections professionnelles dans la fonction publique d’État a reculé à 51 %, contre 70 % aux scrutins précédents. Ce plongeon trouve son explication au ministère de l’Éducation nationale (plus de la moitié des électeurs), où le nombre de votants a dégringolé à 38,5 %. La participation s’est maintenue ailleurs, voire un peu accrue.

Plusieurs syndicats de l’Éducation ont mis en cause le vote électronique, utilisé pour la première fois. Outre des erreurs « classiques » dans l’envoi des professions de foi ou la constitution des listes électorales - qui ont privé de scrutin certains candidats ! -, bugs, complexité et surtout lenteur des procédures informatiques ont découragé ou empêché certains agents de voter. La FSU, qui s’effrite un peu mais reste de loin en tête à l’Éducation (40,6 %, soit le double de l’Unsa et le triple de la CFDT et de FO), juge les « dysfonctionnements » si nombreux qu’ils constituent un « déni de démocratie so­ciale ». D’après la CGT, « pour 10 % des effectifs, les conditions n’étaient pas remplies pour pouvoir voter ». Plusieurs dizaines de milliers d’électeurs n’auraient pas reçu le code leur permettant de voter.

Démobilisation « Les scrutins se sont déroulés globalement sans vraie difficulté », balaye le ministre de la Fonction publique , évoquant une procédure « moderne » et « écoresponsable ». François Sauvadet « récuse le mot “ratés”. La participation est aussi le fruit de la décision de chaque agent de voter ou non ». Les agents ont eu « une semaine pour se décider », ajoute-t-on chez son collègue de l’Éducation, Luc Chatel. Favorables au vote électronique et… en hausse, la CFDT et l’Unsa notent aussi que, si les enseignants se sont peu mobilisés, les chefs d’établissement ou les agents administratifs de l’Éducation ont davantage participé, tout comme les postiers, alors qu’eux aussi votaient par Internet. Le vote, pour la première fois, des contractuels - auxquels les syndicats n’ont pas toujours porté une attention extrême - peut aussi expliquer la contre-performance.

Conséquence mécanique de la démobilisation des troupes de l’Éducation, la FSU - jusqu’ici premier syndicat sur l’ensemble de la fonction publique d’État mais quasi exclusivement présente chez les enseignants - voit l’écart se resserrer avec ses concurrents. Elle descend à 20,9 % des voix (19,1 % en incluant les enseignants du privé sous contrat, pour la première fois intégrés dans les instances de dialogue social de l’État).

Les réformistes en hausse

Ses poursuivants, plutôt réformistes que contestataires, progressent : FO à 17,8 % (16,2 % avec les enseignants du privé), l’Unsa avec 16,7 % (15,3 %), la CFDT avec 12,6 % (14,5 %). Arrivent ensuite la CGT avec 13,4 % (12,8 %), Solidaires avec 6,5 % (6,2 %), la CFE-CGC avec 6,3 % (5,8 %) et la CFTC avec 1,6 % (3,9 %). FO talonne ainsi la FSU et semble même en mesure de la rattraper. En revanche, la CFTC risque de disparaître de la liste des syndicats admis à négocier et à signer des accords pour l’ensemble des agents de l’État, faute de score suffisant.

Mais ces résultats sont à prendre avec des pincettes : plus de 300 000 agents inscrits manquent encore à l’appel, sur environ 2 millions. Ne sont intégrés ni France Télécom ni le ministère de la Justice, qui voteront le 22 novembre. Dans le premier cas, cela a toujours été prévu ; dans le second le scrutin a été reporté in extremis faute d’avoir été correctement préparé.

Ils n’intègrent pas non plus les résultats des ministères de l’Économie et du Budget, qui n’avaient toujours pas fini de dépouiller, hier après-midi. De quoi rajouter un peu plus à l’impression d’improvisation et de confusion. Au point que certains - y compris parmi les leaders syndicaux - se demandaient si Bercy ne prenait pas un malin plaisir à savonner la planche au ministère de la Fonction publique, en première ligne sur ce scrutin. Dans la semaine déjà, à mesure que le « flop » de la participation semblait se préciser, le climat s’était tendu entre le 101 et le 110 de la rue de Grenelle - sièges du ministère de la Fonction publique et de celui de l’Éducation nationale.