Liberez-vous ! De l’économie contre le travail

, par udfo30

Appel aux travailleurs

Denis Garnier

En règle générale, un auteur présente avec passion son premier livre. Pour Denis Garnier, la passion est bien là, intacte, mais ce n’est pas à un premier livre qu’il vient de donner naissance mais à deux ! Fruits d’un travail de près de deux ans, « Libérez-vous, de l’économie contre le travail ! » et « L’Hôpital disloqué » viennent de paraître aux éditions Le Manuscrit à Paris. Cet assistant fédéral du syndicat FO-santé est chargé des conditions de travail et de la prévention des risques professionnels.

Des livres accessibles « La France est un des pays les plus touchés dans le monde au niveau des maladies professionnelles, du stress et de la consommation de psychotropes », déplore-t-il. C’est justement face à ce constat inquiétant qu’il s’est intéressé à comprendre les sources du problème. « J’ai beaucoup lu », dit-il avec modestie. Et de ses lectures, il s’est forgé une intime conviction sur les racines de ce mal : les problèmes de l’homme sont les conséquences des enjeux économiques. C’est alors qu’il s’est lancé dans l’écriture afin d’expliquer au plus grand nombre les liens entre l’économie et la souffrance au travail. Rendre ces savoirs, souvent expliqués par des érudits pour des érudits, accessibles à tous est sa motivation première.

Il a donc divisé son travail en deux livres. Le premier, « Libérez-vous, de l’économie contre le travail ! » est un livre militant. Préfacé par Jean-Claude Mailly, Secrétaire Général de FO, il s’adresse directement aux « travailleurs endormis ». Denis veut leur permettre de comprendre le monde économique qui les entoure afin de ne pas « sombrer dans les discours tout faits ».

Il aborde également le problème des salaires et constate que « les écarts deviennent indignes ». Et il le répète haut et fort : « Il faut se réveiller, il faut arrêter de croire qu’il n’y a plus rien à faire. » Dans « l’hôpital martyrisé », il s’adresse plus particulièrement au personnel hospitalier. Il a regroupé de très nombreux témoignages souvent poignants d’infirmières, d’aides-soignants,… Il comprend bien que la question de la rentabilité devienne importante au sein de l’hôpital, mais il tient à rappeler que l’éthique ne doit pas être oubliée.

Il donne donc des propositions pour améliorer à la fois la qualité des soins et les conditions de travail. Faire passer le message, aider à vulgariser un savoir, permettre au plus grand nombre une prise de conscience, telles sont donc les louables ambitions de ce Loubaton (habitant de Loubens). Aline Martin

Denis Garnier anime également un blog : http://fo-sante.org/

http://www.sudouest.fr/


Denis,
Je n’aurais jamais imaginé avoir à lire un livre sur l’économie et qui plus est, écrit par toi, ce qui m’impose ce supplice et me pousse à m’interroger sur les affinités qui me rapprochèrent de toi et qui durent, alors que nos visions étaient comme mon strabisme, divergentes. Certes, nous nous retrouvions sur l’essentiel : les fondamentaux du syndicalisme libre et indépendant.
Aujourd’hui, tu touches à l’essence même de la vie sociale et politique (au sens intérêt commun), le moyen de faire vivre la démocratie dans une République libre bien sûr, mais aussi et surtout solidaire, fraternelle et laïque. Or, nous ne sommes déjà plus en démocratie, c’est le régime des « locataires de la forteresse ». Cela me rappelle nos discussions sur la délégation du pouvoir, du vote, du mandat, c’est vrai que la démocratie sous cette forme a été jusqu’ici qualifiée de « moins mauvaise solution ».
Comme tu le dis, les « locataires de la forteresse » s’activent pour faire fructifier leurs moyens tout en veillant de rester intouchables, y compris en temps de crises financières qu’ils ont eux-mêmes créées.
Comme tu le dis, il existe des leviers qui peuvent soulever ce monde (et le faire basculer) comme la parole, les écrits qui mènent à l’action en passant par la connaissance, la réflexion et la prise de conscience.
Sans cela, nous continuerions à nous demander si Sisyphe est vraiment heureux comme le prétend Albert Camus et nous devrions aussi admettre, comme Paul Lafargue, que « le travail est le pire des esclavages » alors que nous prétendons qu’il aide à l’émancipation des hommes.
Tu es plein d’espoirs et c’est rafraîchissant pour nos vieilles carcasses. Tu écris : « lorsque la conscience solidaire aura conquis la lucidité qui doit être la sienne et à hauteur des enjeux présents pour les générations futures, alors un jour la classe au service du plus grand nombre qui la mène va gagner ».
Pour ma part, je voulais mettre un espoir dans les actions des indignés. Tu sais que j’ai toujours préférer l’acte au mot mais tu as raison, que sans connaissance ni réflexion, les actions restent lettre morte. La prise de la rue comme elle s’est faite en Espagne aurait dû agir sur la conscience des indignés européens avant que les indignés des Etats-Unis ne prennent la suite. Il y a eu un maillon faible et c’est regrettable qu’il y ait une échéance, qu’elle soit électorale, ludique, sportive ou sociale qui guide nos consciences sur les mauvais chemins, ceux de l’acceptation, du renoncement, de l’abdication. Nous faudra-t-il attendre 2030 pour constater que les prévisions de J.M.Keynes étaient utopiques ou prophétiques.
Personnellement, je mets le « Libérez-vous » de Denis Garnier dans ma bibliothèque au côté de Noami Klein et son livre « La stratégie du choc » Editions Actes Sud qui évoque la stratégie de l’économiste Milton Friedman et de ses « Chicago boys » qui doivent se trouver parmi « Les locataires de la forteresse » de Denis Garnier comme ils se trouvent au FMI et OMC comme dans pas mal de gouvernements des pays dits développés.

Alain BETEILLE