Monsieur Sarkosy veut garder la main sur la sécurité Mécontentement des syndicats de Police

Sarkozy veut garder la main sur la sécurité _ Figaro du 19/03/09 _

En pleine crise sociale, le chef de l’État a voulu montrer qu’il continuait à prendre au sérieux les questions de sécurité. Ce n’est pas encore la sortie tant attendue dans une cité de banlieue. Néanmoins, Nicolas Sarkozy était mercredi à Gagny, en Seine-Saint-Denis, petite ville pavillonnaire entourée de vrais quartiers difficiles, avec leurs barres de HLM, leurs tours, et leurs esplanades. Car c’est à Gagny, le 10 mars dernier, qu’une bande a mené une expédition punitive dans un lycée de la ville. Nicolas Sarkozy avait annoncé qu’il se rendrait sur place. Il a jugé opportun de le faire à la veille de la grande journée de mobilisation sociale. Une piqûre de rappel bienvenue à l’attention de ses électeurs de droite, qui le soutiennent toujours dans les sondages. Une façon aussi de déplacer les médias sur ce sujet « sécuritaire » alors que la crainte du chômage et la grogne sociale occupent les esprits et les conversations. « Les chiffres de la délinquance restent stables, mais les violences intrafamiliales et les actes de violences gratuites ont nettement augmenté », reconnaît le directeur de cabinet de l’Élysée, Christian Frémont, qui a été chargé par le chef de l’État de suivre les dossiers de la Place Beauvau. À l’Élysée, on ne sous-estime pas le climat général d’agressivité à l’égard des autorités - professeurs et policiers - et on souhaite réagir à ce phénomène « anarchisant » qui s’en prend « aux piliers de la République ». Christian Frémont explique d’ailleurs que le « plan d’action contre les bandes organisées » n’a pas été annoncé plus tôt, parce que le phénomène « n’a pris une telle ampleur que depuis quelques mois ». « Il y a 222 bandes organisées en France, constituées de 2.500 membres permanents, et 79 % d’entre elles sévissent en région parisienne », notait, mercredi, Michèle Alliot-Marie. « Que dirait la droite dans l’opposition si, en l’espace de quelques jours, dix représentants des forces de l’ordre étaient blessés par armes de chasse au Mureaux (Yvelines) à la suite d’un guet-apens, la façade d’un commissariat criblée de balles à Montgeron (Essonne) et trois policiers attaqués à coups de barre de fer dans une cité de Toulon (Var) », s’étonnait mercredi l’éditorialiste Jean-Michel-Helvig dans La République des Pyrénées. « Autres initiatives » Conscient du risque, le chef de l’État a donc l’intention de mener « d’autres initiatives » autour des questions de sécurité, reconnaît un proche. À l’Élysée, on se refuse néanmoins à établir un lien entre la crise économique et sociale et les éruptions de violences, essentiellement ciblées en Ile-de-France. On constate, en revanche, une montée des mécontentements dans les rangs des représentants des syndicats de police. Une manifestation avait même été un moment annoncée pour le 21 mars, mais Christian Frémont a aussi été mandaté par l’Élysée pour calmer le jeu. L’Élysée ayant constaté que le « cabinet de Michèle Alliot-Marie n’arrivait pas à rétablir le dialogue ». On souligne au passage que les « compétences de la ministre de l’Intérieur ne sont pas en cause ». Une prudence de rigueur, quand on connaît les relations difficiles entre le président de la République et sa ministre de l’Intérieur.