Un client condamné par le juge pour insultes raciales

, par hghars

Marie-Jo, victime d’insultes raciales en février 2009, obtient réparation auprès du tribunal : "Cela fait 19 ans que j’habite en France et 7 ans que je travaille chez Carrefour Chamnord. Ca ne m’était jamais arrivé jusqu’à ce jour, 7 février 2009"

Une heure après l’ouverture de l’hypermarché, un homme se présente à sa caisse. "Il m’a dit poliment bonjour et m’a tendu sa carte de fidélité avant de me payer en espèces. Je lui ai dit que c’était impossible, ma caisse n’acceptant que la carte bancaire et la carte "Pass". Il a alors exigé que je prenne l’argent. Comme je lui répétais que je n’avais pas le droit, il s’est mis en colère et a commencé à m’injurier (la loi nous interdit de reproduire les propos tenus). Il a ajouté qu’il connaissait bien l’Afrique où il avait vécu pendant 10 ans et que ce n’était pas moi qui allais le faire "ch...".

L’homme reprend alors ses articles et change de caisse tout en poursuivant ses insultes racistes. Après avoir payé, il revient près de Marie-Jo pour l’injurier une dernière fois devant plusieurs témoins, dont l’agent de sécurité du magasin, une autre caissière et des clients qui conseillent à Marie-Jo de ne pas en rester là.

"J’ai demandé tout de suite à voir ma chef de service. J’étais en larmes. Le fait d’être insultée sur mon lieu de travail m’était encore plus insupportable" poursuit la caissière qui a décidé de porter plainte après avoir contacté les élus FO du magasin. "Je l’ai fait aussi pour me protéger. Je le regrette d’autant moins que j’ai appris depuis que d’autres femmes, d’origine maghrébine, avaient aussi entendu des clients qui se comportaient de la même manière".

Pour Dominique Moualek, délégué syndical (FO), "l’issue de cette plainte est d’autant plus importante pour les salariés qu’il en va de leur dignité. Ce n’est pas un cas particulier mais on voit de plus en plus souvent des clients qui se défoulent sur le personnel, quelle que soit son origine. Il faut rappeler que l’on ne peut pas faire n’importe quoi alors que l’on demande dans le même temps aux salariés d’être aimables, polis et souriants. "Souriants" mais impuissants face aux clients irascibles qui se croient tout permis. D’autant plus que les agents de sécurité ne peuvent intervenir qu’en cas d’agression physique. Ils peuvent appeler la police tout en sachant qu’il sera trop tard dans une affaire d’insultes comme celle vécue par Marie-Jo. Il est inquiétant de voir les dérives constatées dans le sport gagner d’autres lieux dans lesquels les victimes n’ont aucune possibilité de réagir.

Marie-Jo a gagné

Le 11 décembre 2009, le tribunal correctionnel de Chambéry a condamné à 2 mois de prison avec sursis, 500 € de dommages et intérêts et le remboursement des frais d’avocat le client qui avait proféré des insultes raciales envers la caissière de Chamnord.

Pour Force Ouvrière qui a pris le dossier en main et accompagné la salariée dans sa défense, ce jugement doit faire référence : l’atteinte à la dignité humaine a été sanctionnée et le client "roi" n’a plus tous les droits. La caissière peut désormais faire le deuil de cette affaire qui fera désormais référence pour l’ensemble de sa profession. La loi punit les injures à caractère racial, proférées en public, d’une peine pouvant aller jusqu’à 6 mois et d’une amende allant jusqu’à 22.500 €

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